Quelques veuves de Noirmoutier, film d’Agnès Varda

Agnès Varda, avec la délicatesse qui lui est coutumière, a recueilli les témoignages de plusieurs veuves. Ce film a été l’occasion de "glaner" de nombreuses paroles émouvantes.

 On se plaît pas d’être veuve mais on fait avec.
 J’peux pas pleurer.
 Ça va mieux mais c’est vrai que c’est long, il faut du temps.
 Dans mon lit je reste à ma place.
 Moi maintenant j’ai plus personne.
 Après il y a les souvenirs qui viennent.
 Personne à qui parler.
 Heureusement il y a la télévision, il faut bien le dire.
 Ça vous saute à la figure.
 Depuis que mon mari est mort je le cherche partout.
 Être tout seule dans un lit, oui, ça fait une grosse différence.
 Le lit est froid, le lit est très froid.
 L’autre est vraiment toujours autre.
 Se retrouver le soir et puis... on ne peut pas échanger.
 Le manque, c’est le manque de toucher.
 Je me sens amputée de lui quoi.
 Il y a des mots qui se mettent à faire mal.
 L’amour perdure quand même.
 Surtout le soir. Le soir vous vous retrouvez toute seule. Là vous pensez doublement.
 Je dors uniquement à sa place.
 Il a fallu marcher, il a fallu tenir.
 Faut plusieurs années pour l’admettre.

Agnès Varda, Quelques veuves de Noirmoutier, diffusé sur arte le 16/10/06