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Cascading diaries

mercredi 2 avril 2014, par kl loth

Ayant pris place dans un coin du tram, je lis sur un e-book reader le journal d’Anaïs Nin en version originale. À côté de moi vient s’asseoir une jeune femme, qui se met à écrire à la mine de crayon dans un carnet "Moleskine" A5. D’un coup d’œil discret captant quelques mots, dont la date du jour, je me rends compte qu’elle rédige son journal !

C’est émouvant, troublant, car malgré le fort intérêt que je porte aux journaux intimes, je n’ai jamais, jamais [1], eu l’occasion de voir un diariste à l’œuvre.

La fluidité de l’écriture, la concentration, la facilité, m’étonnent, car pour moi écrire aura toujours été laborieux.

Un nouveau coup d’œil latéral me permet d’apercevoir l’amorce de sa narration : "Assis non loin de moi, un homme […]" [2]. Cela me fait penser à cette célèbre publicité ancienne pour les peintures Ripolin où plusieurs hommes peignent simultanément sur le dos les uns des autres.
Et tout en poursuivant la lecture d’Anaïs Nin, je commence à agencer dans ma tête cette note que vous lisez en ce moment…


Quelques jours plus tard, la poursuite de ma lecture m’amène à ce passage sur le rapport entre journal intime et secret :

"The joy of discovering the diary is not just a sketch book, but a tapestry, a frieze being complete. When Gonzalo referred to its being hidden in a box, I answered, eluding all personal secrecy : "The condition of the work required it being done in darkness, inside of a box. Its conditions of life is secrecy. It was born out of timidity. I lacked the audacity of the artist working in daylight (I write my stories in the morning, my diary at night). Secrecy produced this truth […]"
(Anaïs Nin, Mirages : The Unexpurgated Diary of Anaïs Nin, 1939-1947, Sky Blue Press, 2013, p. 135)


[1Il me semble depuis, me souvenir d’avoir vu une autre personne, dans un café… mais je ne l’avais pas ressenti comme une "première fois".

[2Je n’en ai pas lu davantage, me refusant à ce que ma curiosité bascule dans l’indiscrétion.